Voyager avec Melyssa, qui est maintenant adolescente, a toujours été une grande aventure.
Depuis ses 7 ans, nous avons partagé des moments uniques à découvrir le monde ensemble.
Melyssa est multi-dys, hypersensible et TDAH, des spécificités qui, bien loin de nous freiner, nous ont simplement poussés à adapter nos voyages pour en faire des expériences encore plus enrichissantes.
Que ce soit à Madagascar, le pays où nous vivons, ou lors de nos escapades en France, à Singapour, en Malaisie et à Dubaï, chaque voyage nous a permis de nous rapprocher un peu plus et d’apprendre ensemble.
Mais je ne vais pas te mentir : il y a eu des moments de flottement, des couacs que j’aurais préféré éviter.
Les imprévus, la gestion des émotions fortes ou des changements de rythme n’ont pas toujours été simples à appréhender.
Si j’avais su dès le début ce que je sais maintenant, certains voyages auraient été plus sereins. C’est pourquoi, dans cet article, je souhaite partager avec toi les leçons que j’ai apprises au fil de ces aventures.
Des astuces que j’aurais aimé connaître avant de me lancer, pour t’aider à voyager sereinement avec ton enfant neuroatypique, tout en créant des souvenirs précieux et inoubliables.
1/ Préparation du voyage : planifier avec soin et flexibilité
Lorsque je me suis lancée dans l’aventure de voyager avec Melyssa, j’ai rapidement compris qu’une bonne préparation était essentielle pour que tout se passe bien.
En tant que parent d’un enfant neuroatypique, tu sais que l’inconnu et le changement peuvent être sources d’angoisse pour ton enfant.
Alors, comment préparer un voyage serein tout en respectant ses besoins particuliers ?
La clé réside dans l’anticipation et la flexibilité, tout en gardant à l’esprit que ce moment doit rester un plaisir pour toute la famille.

Choisir une destination adaptée
La première étape, et probablement la plus importante, est de bien choisir la destination.
Il est essentiel de tenir compte des sensibilités de ton enfant.
Certains enfants neuroatypiques, comme Melyssa, sont très sensibles aux environnements bruyants ou bondés.
Dans ces cas-là, évite les grandes villes en période touristique ou les parcs d’attractions surpeuplés.
Opte plutôt pour des destinations plus calmes, comme des endroits proches de la nature, où vous pourrez faire des balades en famille tout en respectant le rythme de ton enfant.
Il existe de nombreuses destinations « famille-friendly » qui proposent des activités adaptées aux enfants neuroatypiques, que ce soit des musées interactifs, des ateliers artistiques ou des randonnées adaptées.
L’idée est de privilégier des lieux qui stimulent la curiosité tout en offrant des espaces de repos ou des activités relaxantes en cas de surcharge sensorielle.
Melyssa adore visiter les grands jardins, car ces espaces lui offrent un équilibre parfait entre découverte et détente.
Lors de notre séjour à Singapour, Garden by the Bay a été une véritable révélation pour elle. L’immensité des serres, la beauté des fleurs exotiques, et la magie des arbres futuristes illuminés en soirée l’ont complètement fascinée. Elle a pu explorer ces merveilles à son rythme, entre moments d’exploration sensorielle et pauses bien méritées dans des coins plus calmes pour se recentrer.
À Dubaï, le Miracle Garden a eu un effet similaire. L’explosion de couleurs et les sculptures florales incroyables lui ont permis de nourrir sa curiosité tout en profitant d’un cadre apaisant.

Pour Melyssa, ces grands jardins ne sont pas seulement des lieux de promenade, mais de véritables havres de paix, où elle peut trouver à la fois la stimulation dont elle a besoin et les moments de repos qui l’aident à se ressourcer.
Maintenir des repères familiers
Voyager ne signifie pas abandonner les routines.
Bien au contraire, maintenir certains repères familiers peut aider ton enfant à se sentir en sécurité, même dans un environnement nouveau.
C’est quelque chose que j’ai appris avec Melyssa. Chaque fois que nous partions en voyage, je veillais à ce qu’elle retrouve des éléments de son quotidien, que ce soit dans les objets qu’elle emportait avec elle ou dans les activités que nous faisions.
Par exemple, emporte toujours des objets rassurants pour ton enfant : une peluche, un bijou qu’il porte sur lui, une photo, ou même un livre qu’il aime particulièrement.
Ces petits détails peuvent faire toute la différence pour rassurer ton enfant face à l’inconnu.
De même, essaye de maintenir des horaires de repas et de coucher qui soient proches de ceux que vous suivez à la maison. Ce cadre familier apaise et permet de gérer les changements plus sereinement.
Si tu sais que ton enfant aime un certain type de nourriture ou a des besoins alimentaires spécifiques, prévois d’emporter quelques snacks ou repas familiers, surtout si la cuisine locale risque d’être un peu déstabilisante pour lui ou elle.
Melyssa a beaucoup apprécié Singapour et la Malaisie, où la culture culinaire présente de nombreuses similitudes avec la cuisine malgache qu’elle connaît bien. Là-bas, le riz est assez présent, tout comme à Madagascar, et elle a retrouvé avec plaisir des plats familiers comme les samosas, les soupes aux nouilles, et les brèdes.
Cependant, ces voyages lui ont aussi permis de découvrir de nouvelles saveurs.
Les épices asiatiques, les méthodes de cuisson variées, et les mélanges audacieux de saveurs lui ont ouvert de nouvelles perspectives gastronomiques. Elle adorait cette exploration culinaire, qui combinait confort et aventure, entre familiarité et découverte.

Adapter les activités aux intérêts de ton enfant
Chaque enfant neuroatypique a ses propres centres d’intérêt.
Certains adorent l’histoire, d’autres la nature, et d’autres encore sont fascinés par la science ou l’art. C’est là que réside la magie du voyage : il permet de nourrir ces passions tout en apportant de nouvelles découvertes.
Lorsque tu planifies tes activités, essaie de les adapter aux centres d’intérêt de ton enfant.
Si ton enfant est passionné par les animaux, pourquoi ne pas visiter un parc naturel ou un zoo ? Si c’est plutôt la technologie qui le fascine, une visite à un musée interactif ou un planétarium peut éveiller sa curiosité tout en respectant ses capacités d’attention et ses sensibilités.
L’important est de choisir des activités qui captivent son attention sans provoquer de surcharge.
L’avantage est que ces moments d’apprentissage se transforment en instants de plaisir partagés, où chacun peut s’épanouir à son propre rythme.
En France, Melyssa a été captivée par les activités de la Cité des Sciences, où l’apprentissage se fait de manière ludique et interactive.
Manipuler des objets, expérimenter des concepts scientifiques en temps réel lui a permis de mieux comprendre des notions parfois abstraites et d’enrichir sa mémoire grâce à l’expérience sensorielle.
Cela complétait parfaitement ses cours traditionnels.
Le musée Grévin, quant à lui, l’a plongée dans l’histoire de manière vivante. L’exposition sur la Révolution française, avec ses personnages en cire réalistes et ses mises en scène dynamiques, a rendu cet événement historique concret et fascinant.
Après avoir préparé minutieusement ton voyage et choisi des activités adaptées aux besoins de ton enfant, un autre défi de taille s’impose : gérer les transitions entre ces moments stimulants et les périodes de calme.
2/ Gérer les moments sensibles : trucs et astuces pour des transitions douces
Lorsque tu voyages avec un enfant neuroatypique, l’un des défis majeurs est de gérer les moments de transition.
Ces périodes où l’on passe d’une activité à une autre, ou d’un lieu à un autre, peuvent souvent être sources d’angoisse pour ton enfant.
Pour éviter ces moments difficiles et rendre le voyage plus serein, il est crucial de bien planifier, tout en restant flexible et à l’écoute des besoins de ton enfant.
Voici quelques astuces pratiques pour anticiper et gérer ces moments sensibles.
Prévoir un itinéraire flexible
L’une des erreurs que l’on peut facilement commettre en voyage, c’est de vouloir tout voir, tout faire.
Pour un enfant neuroatypique, cela peut rapidement devenir écrasant.
C’est pourquoi il est essentiel de planifier un itinéraire qui laisse de la place à l’improvisation et, surtout, aux moments de pause. Il vaut mieux voir moins de choses, mais dans un cadre apaisant, que de vouloir tout faire au risque de surcharger ton enfant.
Les journées doivent être conçues avec des temps calmes intégrés, tout comme à la maison, où les moments de jeu sont entrecoupés de temps plus tranquilles.
Lors de notre voyage dans le grand sud malgache, j’ai rapidement réalisé qu’il serait impossible de respecter l’intégralité de l’itinéraire initialement prévu.
Pour éviter de surcharger Melyssa, j’ai dû supprimer environ 20% des activités.
Plutôt que de visiter tous les sites touristiques, nous avons privilégié des moments de pause entre chaque découverte. Après une matinée de visite dans des villages typiques, par exemple, nous nous arrêtions dans un parc ombragé ou à notre hébergement pour que Melyssa puisse se ressourcer.
Ces pauses étaient essentielles pour qu’elle retrouve son équilibre émotionnel, et l’expérience globale n’en était que plus enrichissante.

Gérer les émotions et prévenir les crises
Les transitions et les changements peuvent également être sources de stress et déclencher des crises chez un enfant neuroatypique, notamment dans des environnements inconnus, bondés ou bruyants.
C’est là que des outils pratiques peuvent vraiment faire la différence pour aider ton enfant à réguler ses émotions.
Lorsque je voyage avec Melyssa, j’apporte toujours une petite trousse contenant des objets qui l’aident à gérer ses émotions. Cela inclut des fidgets, qui lui permettent de se concentrer et d’évacuer son stress en silence.
Ces petits jouets sont une source de réconfort, notamment pendant les moments d’attente (comme à l’aéroport ou dans une file d’attente) ou lors de transitions entre deux activités.
Les écouteurs anti-bruit sont également de véritables alliés. Dans les endroits bruyants ou bondés, ils aident ton enfant à se couper des sons qui pourraient être trop intenses pour lui. Cela lui permet de rester dans sa bulle et d’éviter la surcharge sensorielle qui peut mener à une crise.
En plus des outils matériels, il est important de prévenir les crises en expliquant à ton enfant chaque étape du voyage.
Une bonne préparation mentale peut réduire considérablement l’anxiété liée aux transitions.
Avant chaque changement, prends le temps de lui expliquer ce qui va se passer :
« Maintenant, on va prendre le bus pour aller à la plage, ça va durer environ 15 minutes, et ensuite on pourra se reposer. »
Utilise un langage clair et rassurant, et si possible, appuie-toi sur des images ou des supports visuels pour rendre l’information plus concrète.
La gestion des imprévus
Même avec une excellente planification, les imprévus sont inévitables. Que faire si le train est en retard ? Si l’activité prévue est annulée ?
Ces situations peuvent créer de l’incertitude et de la frustration pour ton enfant, mais elles peuvent aussi être une opportunité d’apprendre à gérer l’imprévu.
Reste calme et montre l’exemple en gérant l’imprévu avec sérénité.
Ton attitude influencera beaucoup la manière dont ton enfant réagira à la situation.
Explique-lui que les changements font partie du voyage, et que vous allez trouver une solution ensemble. En offrant des alternatives rassurantes (par exemple, lire un livre ou écouter de la musique en attendant), tu lui montres que l’imprévu ne doit pas être source de stress, mais peut être transformé en un moment plus paisible.
Je me souviens d’un jour où la pluie tombait à torrents sur Paris, noyant nos projets de promenade à pied sous un ciel gris.
Au lieu de renoncer, nous avons emprunté les passages couverts, ces galeries élégantes et mystérieuses, où l’odeur des vieux livres et le parfum des pâtisseries flottaient dans l’air. Les pavés humides résonnaient sous nos pas alors que nous découvrions des boutiques pleines de charme d’un autre temps.
Finalement, nous avons trouvé refuge dans un petit salon de thé à la décoration désuète, avec ses fauteuils en velours usé et ses miroirs ternis par les années. En dégustant nos boissons chaudes, on s’est imaginé à Paris, 50 ans en arrière, discutant de la vie, des rêves, et de ce que ce lieu aurait pu raconter.
C’était un moment hors du temps, simple mais d’une richesse inouïe, où le passé et le présent se mêlaient dans une ambiance délicieusement nostalgique.
Ces moments imprévus deviennent alors des opportunités d’apprentissage. Ton enfant apprend à relativiser, à gérer sa frustration. Et, surtout, il comprend qu’il n’est pas seul face à ces défis : tu es là pour l’accompagner, le rassurer et lui montrer que tout peut se résoudre, avec calme et confiance.
Après avoir appris à gérer les transitions et les imprévus, il est temps de se concentrer sur ce qui rend le voyage vraiment spécial : les moments de partage et d’apprentissage en famille.

3/ Cultiver des moments de partage et d’apprentissage en famille
Voyager en famille, c’est bien plus que découvrir de nouveaux lieux : c’est créer des souvenirs communs, des expériences riches qui resteront gravées dans le cœur de chacun.
Lorsque tu voyages avec un enfant neuroatypique, ces moments partagés prennent une dimension encore plus spéciale.
En adaptant le rythme du voyage aux besoins de ton enfant, tu transformes chaque découverte en opportunité d’apprentissage et de renforcement de la confiance en soi.
C’est l’occasion de voir le monde à travers ses yeux, tout en renforçant vos liens familiaux.
Créer des souvenirs enrichissants
Un voyage est souvent rempli de premières fois pour un enfant neuroatypique, et ces moments sont d’autant plus précieux.
Pour Melyssa, l’un des souvenirs les plus marquants fut sa première expérience en avion.
Elle était fascinée par l’idée de voler et de découvrir les nuages de près. Regarder le monde depuis les airs lui a offert une perspective nouvelle et unique.
Chaque instant passé à observer le paysage depuis le hublot devenait une découverte en soi.
En prenant le temps de savourer ces moments, tu permets à ton enfant de vivre ces expériences pleinement, sans la pression du temps.
En fin de compte, l’essentiel n’est pas de tout voir ou de tout faire, mais de créer des moments significatifs ensemble, à un rythme qui convient à ton enfant.
Les souvenirs que vous partagerez seront d’autant plus précieux s’ils ont été vécus dans le calme et la bienveillance, en respectant les besoins de chacun.
Conclusion
Voyager avec un enfant neuroatypique n’est pas simplement une succession de déplacements d’un lieu à un autre.
C’est une aventure unique, remplie de moments de découverte, de défis, mais surtout
d’apprentissages. Chaque étape est une occasion de grandir ensemble, et de renforcer ce lien si particulier entre parent et enfant.
En tant que parent, tu apprends à redéfinir ce qu’est un voyage réussi.
Ce n’est pas d’enchaîner les destinations ou de cocher toutes les cases d’un itinéraire parfait. C’est plutôt de créer des souvenirs riches de sens, en prenant le temps de savourer chaque instant partagé.
Un sourire devant un paysage inattendu, l’émerveillement de ton enfant face à une première
expérience, ou une simple pause dans un lieu calme : voilà ce qui compte vraiment.
N’oublie jamais que tu es le meilleur guide pour ton enfant, et que chaque ajustement que tu fais rend l’expérience plus belle.
Alors lance-toi !
Planifie ce voyage, même s’il n’est pas parfait sur le papier, et sois prête à adapter, à improviser, à écouter les besoins de ton enfant.
Parce que, au final, le plus beau des voyages, c’est celui que vous vivrez ensemble, à votre rythme. Fais confiance à ton instinct, et pars à la découverte du monde avec ton enfant à tes côtés, main dans la main.
Élise, maman comblée de Melyssa, réside à Madagascar, joyau de l’océan Indien, où elle relève chaque jour les défis de la parentalité atypique. Face aux troubles multi-dys, au TDAH et à l’hypersensibilité de sa fille, elle s’engage dans une quête résolue pour créer un environnement éducatif épanouissant. Elle découvre ainsi la force de l’optimisme et des méthodes novatrices, spécialement adaptées aux enfants atypiques.
Convaincue que chaque enfant peut s’épanouir à son rythme, Élise fonde le blog optimismecool.com : bien plus qu’une simple ressource, un guide inspirant et accessible pour accompagner les parents d’enfants neuroatypiques à travers des valeurs de résilience, d’espoir et d’authenticité.
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